De gauche à droite : Ismaël Jude, Arno Bertina, Mona Ozouf et Édouard Launet ©idlt-Chaminadour

Hugues Bachelot, président de l’Association des lecteurs de Marcel Jouhandeau et des amis de Chaminadour qui organise les Rencontres de Chaminadour, dévoile dans une lettre pourquoi l’édition 2021 interrogera l’œuvre de Georges Bernanos en regard de celle de Lydie Salvayre.

« Les amies et amis confinés des villes, allez-vous bien ? Nous aussi confinés des champs, nous avons réfléchi au prochain Chaminadour, et voilà aujourd’hui où nous en sommes : Lydie Salvayre sera sur les grands chemins de Georges Bernanos. J’en imagine plus d’un embarrassé ! Alors pourquoi Bernanos ? C’est vrai, pourquoi ?

Peut-être parce qu’un homme qui a écrit ceci ne laisse pas indifférent. C’est dans la préface aux Grands Cimetières sous la lune : « Je ne suis pas un écrivain. La seule vue d’une feuille de papier blanc me harasse l’âme. L’espèce de recueillement physique qu’impose un tel travail m’est si odieux que je l’évite autant que je le puis. J’écris dans les cafés au risque de passer pour un ivrogne, et peut-être le serais-je en effet, si les puissantes Républiques ne frappaient de droits, impitoyablement, les alcools consolateurs. À leur défaut, j’avale à longueur de journée ces cafés-crème douceâtres, avec une mouche dedans. J’écris sur les tables de cafés parce que je ne saurais me passer longtemps du visage et de la voix humaine dont je crois avoir essayé de parler noblement (…) J’écris dans les cafés comme j’écrivais jadis dans les wagons de chemins de fer, pour ne pas être dupe de créatures imaginaires, pour retrouver, d’un regard jeté sur l’inconnu qui passe, la juste mesure de la joie ou de la douleur. Non, je ne suis pas écrivain. Si je l’étais, je n’aurais pas attendu la quarantaine pour publier mon premier livre (…).
.. »

Peut-être aussi, parce qu’un homme, profondément chrétien, hanté par les péchés de l’humanité et la puissance du mal qui écrit cela n’est pas si mauvais qu’on le pense, je le
 dis me souvenant pourtant de ses sinistres sorties avec les Camelots du roi dans l’entourage de Maurras : « La peur me dégoûte chez tout le monde et derrière les belles paroles des massacreurs, il n’y a qu’elle. On ne massacre jamais que par peur, la haine n’est qu’un alibi. » C’est toujours extrait des Grands Cimetières sous la lune et son témoignage dans ce livre est pour moi le plus déchirant qu’on ait écrit sur la Guerre d’Espagne… » Lire l’intégralité de la lettre ici.

Plus d’informations à venir sur le site des Rencontres de Chaminadour : https://www.chaminadour.com/

 

Photo : rencontre lors de l’édition 2019 avec de gauche à droite : Ismaël Jude, Arno Bertina, Mona Ozouf et Édouard Launet ©idlt-Chaminadour