Présentation

De Jouhandeau, Léautaud prédisait qu’il écrivait trop et que cela le perdrait. Jusqu’à sa mort, ou peu s’en faut, à quatre-vingt-dix ans, toute la vie de Jouhandeau en effet passa par l’écriture, et lorsque paraît le vingt-quatrième volume de ses Journaliers, combien de carnets décantent, peut-être à jamais, dans les tiroirs, ou à la bibliothèque Jacques Doucet ? Si l’intensité de sa vie ne prouvait le contraire, on pourrait croire que Jouhandeau ne s’y attarda que pour l’écrire. C’est que l’écriture et la vie en lui se fondent comme deux activités complémentaires et indissociables. Anas, carnets intimes, chroniques, essais sur soi-même et les autres, traités de morale, récits ou contes, peu importe le genre : Jouhandeau est, avec Balzac – et d’une tout autre façon –, le visionnaire le plus réaliste de la littérature française. Cela ne l’a pas perdu.

Lecteur assidu de « l’arbre de visages », écouteur indiscret d’anas, toujours aux aguets de soi-même et d’autrui, fût-ce du plus humble de ses « animaux familiers », Jouhandeau fut le plus égocentrique et le plus ouvert des hommes. Il est Juste Binche, « le fils du boucher », de Chaminadour (Guéret, où naquit Marcel Jouhandeau en 1888), attentif à sa rue, à sa ville, qu’il découvrit d’abord derrière la devanture de la boutique paternelle, puis dans les lettres que, chaque jour jusqu’à sa mort, lui adressa la douce et forte Agnès Binche, sa mère. Chaminadour est Un Monde, peuplé des Pincengrain, des Térébinte, de Tite-le-Long, de Ximenès Malinjoude, de L’Oncle Henri, de Prudence Hautechaume… autant de noms, autant de titres. C’est le monde du Mémorial. Est-ce le Monde pour Jouhandeau ? Microcosme, à ses yeux, où tous les appétits, toutes les passions, toutes les grandeurs de l’homme se trouveraient incarnés sous les espèces d’un bourg provincial élevé à une dignité dantesque, avec ses enfers et son empyrée. Seule la médiocrité en est exclue, comme si, justement, Jouhandeau ne s’intéressait qu’au sublime, quitte à sublimer le banal.

* Extrait d’une biographie écrite par Jeannine Étiemble, « JOUHANDEAU MARCEL (1888-1979) », Encyclopædia Universalis [en ligne], URL : http://www.universalis.fr/encyclopedie/marcel-jouhandeau/

Maison Jouhandeau (Creuse)

Marcel Jouhandeau, écrivain du XXe siècle, longtemps boudé par ses concitoyens qu’il croqua avec causticité, est maintenant à l’honneur notamment lors des Rencontres littéraires de Chaminadour. C’est ainsi que l’écrivain rebaptisa sa ville natale dans ses écrits.

La maison de Marcel Jouhandeau est aujourd’hui la propriété de son petit-neveu. À découvrir sur réservation.

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