La Presse unanime salue le film d’Emmanuel Finkiel, La Douleur, adapté du livre de Marguerite Duras, et la magnifique interprétation de Mélanie Thierry.

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Lors des dernières Rencontres de Duras, le samedi 20 mai dans la petite ville de Duras, en Lot-et-Garonne, Michèle Ponticq et les Amis de Duras nous avaient proposé un hommage à Robert Antelme, à l’occasion du centenaire de sa naissance, avec une série de conférences, et la projection du film « Autour de Robert Antelme de 1942 à 1964 », réalisé par Jean Mascolo et Jean-Marc Turine.

Robert Antelme épouse en 1939 Marguerite Duras, qui travaille alors pour une maison d’édition. Ils entrent tous deux dans la Résistance pendant l’Occupation, forment le groupe de la rue Saint-Benoit (où se trouve leur appartement à Saint-Germain des Prés, à Paris), groupe dont Edgar Morin fait partie. Et son témoignage (il était présent aux Rencontres) est à la fois précieux, émouvant et passionnant : le guet-apens dans lequel le groupe tombe en 1944, la façon dont Marguerite Duras réussit à s’échapper avec l’aide de François Mitterrand, le chef de leur réseau, la déportation de Robert Antelme, la découverte de celui-ci à la fin de la guerre, épuisé et malade du typhus, par François Mitterrand visitant le camp de Dachau, l’organisation d’un commando pour l’extraire du camp et le rapatrier en France.

Robert Antelme a publié sur les camps un livre majeur, L’Espèce humaine, en 1947.

Après l’arrestation de son mari, Marguerite Duras a tenu un journal, écrit des textes que lui inspirait tout ce qu’elle voyait, ce qu’elle vivait, ce qui la tourmentait, les gens qu’elle rencontrait.

Elle retrouve ces écrits quarante ans plus tard, et en tire un roman qu’elle publie chez POL en 1985, La Douleur. Un livre sur l’attente angoissée et la fidélité à l’époux déporté, mais aussi l’aspiration à la liberté, avec l’amant pour qui la jeune femme s’apprêtait à quitter Antelme au moment de son arrestation.

Et le film reproduit ce dédoublement permanent : « Dans ce jeu à fleur de peau, le cinéaste réussit ce qui est le plus difficile au cinéma, deux élans contraires dans un même mouvement » (Sophie Avon, Sud Ouest, 21 janvier 2018).

Voir le site de l’Association Marguerite Duras

Jean-Claude Ragot