Vous connaissez cette émission de radio parmi les plus anciennes, consacrée à la critique des livres, des pièces de théâtre et du cinéma. Des journalistes partagent leur subjectivité et passent en revue les dernières productions artistiques et éditoriales, sous la houlette de Jérôme Garcin et devant un public friand de joutes verbales.
Ce titre m’est venu au moment de vous écrire mes vœux : fallait-il que je retire provisoirement mon masque pour prendre plus facilement la plume ?
Le masque est protecteur, c’est sa fonction actuelle en période de pandémie.
Mais c’était à l’origine un accessoire indispensable dans les cérémonies rituelles, en brousse africaine par exemple, pour représenter une force naturelle divine, un esprit, un ancêtre auxquels on fait appel. Le masque apparaît ensuite comme un élément du costume utilisé au théâtre ou la fête. On pense au théâtre grec antique, à la commedia dell’arte, au nô japonais, ou, dans un autre type de spectacle, au catch ou au cirque.
Depuis deux ans, le masque est devenu essentiellement chirurgical, symbole de protection contre un virus qui peut devenir mortel. Mais il couvre le nez, la bouche et le menton, et cache une partie du visage. Ajouté aux gestes barrières que l’on doit respecter et à la pratique du travail ou des réunions à distance, il participe à la « distanciation sociale » et encourage la prudence, l’isolement, jusqu’au rejet du voisin, de l’étranger, de l’autre…
Alors, faut-il tomber le masque ?
Certainement pas, s’il faut protéger notre santé !
Sans doute pas, si nous voulons continuer à jouer notre « rôle » dans la vie de notre société.
Mais il ne doit pas devenir un masque symbolique derrière lequel on se cache, on se retire, on se défend !
Protégeons-nous, bien entendu, mais ne restons pas isolés, relevons le défi que nous pose la crise actuelle, en puisant dans notre expérience pour aider chacun à trouver sa place dans le monde tel qu’il devient. Avec solidarité et fraternité !
En ce début d’année, prenons la résolution de garder le masque pour nous protéger des virus, mais encourageons également la plume, l’écriture, la correspondance, la littérature pour nous aider à comprendre l’évolution du monde et à faire société.
Jean-Claude Ragot
PS : refus difficile à comprendre de la Région de financer désormais notre Réseau régional, dont elle avait soutenu la création. Nous recommandons aux élus régionaux élus en 2021 de ne pas se cacher trop longtemps derrière leur masque pour éviter de devoir s’expliquer sur leur politique culturelle.