La Ville de Poitiers a acheté en 2005 la Mérigotte, propriété de l’écrivain Jean-Richard Bloch, pour garder au lieu son intégrité et sa vocation culturelle.
Après réhabilitation, la Villa Bloch accueille depuis 2019 des résidences d’artistes, dont certains ont fui le régime de leur pays, en écho à l’humanisme et à la liberté de création défendus toute sa vie par Jean-Richard Bloch. La Ville adhère au réseau des villes refuges (ICORN), et la Villa tisse des partenariats avec l’École européenne supérieure de l’image de Poitiers et la Cité internationale des arts de Paris. Elle est adhérente à notre réseau.
Un projet d’agriculture urbaine que la Ville envisage d’installer dans le parc de la Villa fait aujourd’hui débat (La Nouvelle République, samedi 22 octobre 2022). La moitié du parc serait en effet exploitée à des fins agricoles, sous statut privé. Cette activité commerciale inquiète plusieurs descendants de l’écrivain, qui s’en sont ouverts par courrier à la Maire de Poitiers, Léonore Moncond’huy. La privatisation d’une partie du terrain serait vécue comme une trahison par la famille Bloch, alors que la Ville avait pris des engagements contraires lors de l’achat de la propriété.
Il est vrai que le projet patrimonial et culturel a été élaboré en étroite collaboration avec les descendants, et que la rénovation du patrimoine bâti comme la mise en valeur du parc sont au cœur du projet. Vouloir modifier l’affectation du parc en s’appuyant sur le droit du propriétaire serait une négation de la raison-même pour laquelle la Ville a acheté cette Maison d’écrivain : faire vivre un lieu de mémoire dans le cadre d’un projet global cohérent.
L’agriculture contre la culture ? Les projets d’agriculture urbaine que souhaite légitimement développer la Maire écologiste doivent pouvoir trouver d’autres terrains d’accueil, et la Ville de Poitiers pourra ainsi conserver à la Villa sa vocation, ce qui est de sa responsabilité première.
Jean-Claude Ragot
Photo : Yann Gachet, Ville de Poitiers