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Bordeaux, 9 janvier 2025

Vœux 2025 : Place à la Lecture !

Avant de vous présenter mes vœux pour cette année nouvelle, j’ai relu les textes que je vous ai adressés ces dernières années : j’y retrouve un constat assez pessimiste sur l’état du monde, à la suite des crises sanitaires, des guerres en tout genre, du déluge médiatique autour des violences. J’ai appelé successivement à l’utopie face aux années dystopiques (2021), à un nouveau départ (2022), à une réflexion sur la façon de rester optimiste (2023) et à un engagement renouvelé : retisser le lien social (2024).

Je ne suis pas sûr que l’état du monde se soit nettement amélioré, et je pense même qu’il déteint de plus en plus sur nos relations personnelles où la pression, la charge mentale et les conflits prennent le pas sur la bienveillance et la solidarité, y compris dans notre secteur.

Alors, pour ne céder ni au défaitisme, ni aux bonnes intentions de circonstance qui ont du mal à survivre à la période des vœux, je choisis d’en revenir à ce qui fonde nos maisons et nos associations : la défense de la littérature. Et si nous placions cette année 2025 sous le signe de la lecture ?

Jorge Luis Borges disait à ses étudiants : « le plus important est de lire, d’entrer en contact direct avec la littérature, de s’immerger dans le texte vivant qui se trouve devant nous, plutôt que de s’attacher aux idées ou aux commentaires critiques »[1]. Se plonger dans une œuvre de création, « écouter la voix de quelqu’un », être sensible au mystère des autres.

Nous savons tous que la lecture de romans et de poèmes nous ouvre de nouveaux espaces intérieurs, bien au-delà des réseaux sociaux qui laissent peu de place à l’imaginaire du lecteur et à son interprétation personnelle.

Mais je n’ai pas besoin de vous convaincre, car nos Maisons d’écrivain, nos associations littéraires, nos bibliothèques ont pour raison d’être d’éveiller à l’amour de la lecture.

C’est donc le vœu que je formule cette année : continuons à travailler pour amener le plus grand nombre à fréquenter la littérature, et à nous mobiliser pour que la crise d’austérité qui s’annonce épargne notre secteur. Comme le disait Victor Hugo aux députés de la Constituante le 10 novembre 1848 dans son discours sur « la question des encouragements aux lettres et aux arts » : « point d’économie sur l’intelligence », car brader la culture, c’est avilir le peuple et anéantir l’édifice social.

Alors, bonne lecture en 2025 !

 

Jean-Claude Ragot

[1] Jorge Luis Borges, Borges oral, Alianza, Madrid, 1998 [1979].